La narration faite par Girardot de Nozeroy, d'un homme en quête de son identité quatre siècles avant « l'invention » de la psychanalyse est étonnante. Étonnante aussi la modernité de son rapport au corps, quatre siècles avant la découverte des philosophies orientales privilégiant l'écoute intérieure, la présence, « l'état » plutôt que les faits.
Son livre ou l'amorce de son livre n'a jamais été publié. Il s'agit de quelques feuillets que j'ai pu consulter aux archives départementales du Jura.
Les interpellations directes aux lecteurs n'existent pas dans le texte initial. Certains enchaînements non plus.
Je les ai écrits « A la manière et le style de Girardot de Nozeroy » pour apporter la théâtralité à un texte qui n'avait pas cette vocation, et surtout provoquer un effet de réel qui illustre bien la sensation que j'ai eue en déchiffrant ces lignes pour la première fois: nonobstant le style très marqué de l'époque (que j'ai « poli » dans l'adaptation proposée), ce texte eût pu être écrit de nos jours. Son enseignement nous concerne dans notre rapport à la nature, dans notre rapport au corps et la nécessité devant laquelle nous nous trouvons placés, de redonner un sens à nos existences.
La version « romancée » des écrits, qui est disponible à l'issue du spectacle, comporte l'intégralité du texte théâtralisé, agrémenté (en italique) d'une mise en situation fictive relative à la lecture qu'aurait faite Mr Girardot de Nozeroy de ses écrits à un petit nombre de ses connaissances.
Pendant la guerre de Dix ans (1636-1648), Girardot de Nozeroy était secrétaire au parlement de Dole (alors sous administration espagnole).
C'est à ce titre qu'il rédigea les chroniques au jour le jour des exactions subies par la population jurassienne lors de l'avant dernier siège de Dole par les troupes françaises, allemandes, lorraines et suédoises.
Ces récits de guerre, d'une cruauté inouïe sont fréquemment cités par les historiens de la Franche-Comté.
On connaît moins les écrits plus personnels qui font l'objet de ce spectacle. S'agit-il d'essai « philosophique » ou d'une oeuvre romanesque ? L'oeuvre est elle achevée ou ne s'agit-il que de brouillons? Comment expliquer la brièveté de certains chapitres ?
On pourrait épiloguer pendant des heures sur la forme donnée à ces récits et leur qualification.
Mais ce qui est plus saisissant c'est bien la nature même des interrogations de cet auteur: le rapport de l'homme à son propre corps.
Quelle conscience en avaient les contemporains de Girardot de Nozeroy à cette époque?
Le philosophe « logeant au confins de la Borée » que cite Girardot de Nozeroy n'est autre que Spinoza dans son « traité de l'entendement » écrit dans l'hiver 1661.
Le théâtre, bien souvent, constate à juste titre, la morbidité du monde et notre impuissance.
J'avais envie d'un art qui aide à vivre et à se construire.
Ne le trouvant pas...je me le suis inventé.
Une lecture de ces écrits a été donnée au cours du Festival des Caves, organisé par la compagnie Malanoche(direction Guillaume Dujardin) en Juin 2007.
Dans mon esprit, l'exploitation de ces lectures devait se faire « sous le manteau »...par le bouche à oreille et dans des lieux acculturés (caves , grenier etc...). Les écrits de Mr Girardot de Nozeroy donnent en effet accès à une forme de connaissance qui revêt une dimension quasi « initiatique ». L'idée d'un public qui se coopte me séduisait.
Un certain nombre de structures ou de responsables de structures se sont alors déclarés intéressés par l'exploitation éventuelle de ce texte sous forme de spectacle.
La forme définitive en a été trouvée en Avignon au cours de 5 lectures-spectacles en présence d'amis, de professionnels ou de gens rencontrés à l'occasion. Moments rares et uniques.
La première « mise en théatre » a eu lieu à la Maison du Peuple de St Claude le 13 Octobre 2008 avec la complicité habituelle d' Isabelle Jobard, plasticienne.
Le spectacle tourne dans les théâtres à jauge moyenne et chez les particuliers, à la demande.
Une aventure est proposée aux spectateurs ayant assisté au spectacle ou aux lecture-spectacles Ils font partie du premier cercle des « complices de Girardot de Nozeroy ». Un marque-page leur est offert.
Pour faire partie du deuxième cercle des complices, il suffit de nous contacter sur l'espace « commentaires », laisser commentaires, réactions, enthousiasmes, irritations....et indiquer votre adresse (qui ne sera pas mentionnée). Vous recevrez alors le marque-page d'appartenance au deuxième degré de complicité!
Enfin pour faire partie du troisième cercle il vous suffira:
D'inviter le spectacle chez vous ( pour une trentaine de personnes)...
Ou nous mettre en relation avec une structure ou une personne susceptible de programmer le spectacle ( salle, festival, rencontre etc...)
Vous sera alors remis le marque-page d'appartenance au troisième degré de complicité!
Un spectacle ne peut vivre qu'avec la complicité active du public.
Christian Pageault, metteur en scène associé